La Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle de l’AISMT13

1 Sep 2021Actus

Au titre de leurs missions, les Services de Prévention et de Santé au Travail sont tenus d’assurer le maintien en emploi des salariés. Concrètement, il s’agit d’anticiper la perte d’une activité professionnelle pour des raisons de santé ou d’aider un salarié qui rencontre des difficultés à se maintenir à son poste de travail. Notre service de prévention et de santé au travail crée aujourd’hui une cellule dédiée, pour mieux vous accompagner. Présentation de la Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle (CPDP) de l’AISMT13.

L’objectif de la Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle

Créée pour les adhérents de l’AISMT13 et leurs salariés, la Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle est une plateforme pluridisciplinaire. Elle peut intervenir à la demande de votre médecin du travail. Son action s’appuie sur une méthodologie nationale élaborée par des acteurs du monde de l’entreprise, de la santé et du handicap.

Objectif : prévenir le risque de désinsertion professionnelle et vous apporter une aide dans la résolution des difficultés actuellement rencontrées.

Coordonnée par le Dr. Laurence Martinez, Médecin du travail, la CPDP est composée de salariés de l’AISMT13 :

  • chargé de maintien en emploi,
  • infirmier, assistant technique en santé au travail, intervenants en prévention des risques professionnels (ergonome, métrologue, psychologue), assistant social…

La CPDP conseille et accompagne salariés et employeurs dans la recherche de solutions pour :

  • Redonner confiance au salarié et le rendre acteur
  • Attester la cohérence des discours médicaux, sociaux et familiaux
  • Obtenir les bilans indispensables
  • Mobiliser le salarié vers un projet professionnel en interne ou en externe
  • Superposer ce projet :
    > aux possibilités et volontés de l’employeur
    > aux possibilités des différents partenaires du collectif de travail avec étude de faisabilité du projet
  • Solliciter des aides humaines, techniques et financières dans des délais réalistes
  • Assurer un suivi et une évaluation des démarches
  • Garantir une conduite de projet respectueuse de la déontologie des acteurs concernés : consentement éclairé « gagnant-gagnant »

Comment réaliser le maintien en emploi ?

Le maintien en emploi peut prendre plusieurs formes concrètes selon la situation du salarié :

  • Aménagement technique ou organisationnel du poste de travail du salarié
  • Reclassement dans un autre poste au sein de l’entreprise
  • Formation qualifiante du salarié permettant un reclassement professionnel interne ou externe
  • Reclassement professionnel externe étudié en concertation
  • Création d’entreprise

Interview de Laurence Martinez, médecin coordinateur de la cellule

Comment définissez-vous le rôle de la Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle ?  

La CPDP a 2 fonctions principales :

ÉCOUTER le salarié, l’employeur et le collectif du travail. La CPDP considère la situation médico-socio-professionnelle du salarié dans sa globalité afin de l’aider à trouver une solution qu’il estimera satisfaisante. La cellule doit également être à l’écoute des besoins de l’entreprise et du collectif de travail concernant les possibilités d’aménagement, de reclassement interne, de création de poste, de besoins en formation, tout en respectant les restrictions médicales…C’est une approche systémique. Écouter, analyser pour mieux agir.

ACCOMPAGNER Chaque situation est unique : l’accompagnement a pour but de remettre le salarié au cœur des décisions, de l’action. Nous lui apportons conseil et appui dans la réalisation de toutes les démarches à accomplir. Nous nous attachons à proposer un accompagnement « sur mesure » aux acteurs de l’entreprise et aux salariés. C’est un travail en synergie et en concertation qui permet ainsi aux solutions de maintien d’émerger naturellement. Le travail en équipe pluridisciplinaire permet de réfléchir à plusieurs sur une situation, chaque vision venant en compléter une autre, pour agir à différents niveaux. La CPDP est neutre, elle agit avec et pour le salarié tout en prenant en compte les problématiques que peut rencontrer l’adhérent. De l’aménagement d’un poste à un accompagnement vers une retraite anticipée, de nombreux cas de figure sont possibles.

Elle s’appuie également sur 2 principes :

L’ÉQUITÉ Tout salarié d’une entreprise adhérente à l’AISMT13 peut, sur orientation de son médecin du travail, accéder à cette Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle et ce quel que soit son secteur d’activité ou sa situation géographique. Le travail réalisé par la cellule est compris dans la cotisation des entreprises adhérentes.

LA COORDINATION avec les partenaires extérieurs : centres de rééducation, CPAM, CARSAT, AGEFIPH, Cap Emploi, organismes de formations… Ce travail de coordination s’appuie sur la connaissance des dispositifs de maintien en emploi existants et permet d’effectuer des aménagements de poste, des bilans médicaux poussés, de proposer un bilan de compétences, de faire une demande de formation ou encore une demande RQTH, d’invalidité, etc.

Comment se déroule la méthode employée par l’AISMT13 ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que cette cellule est une entité à part entière au sein de l’AISMT 13. Ses locaux sont à Vitrolles.

1. La Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle est sollicitée par le médecin du travail référent du salarié suite à une visite médicale.

2. Après avoir donné son accord pour être accompagné, le salarié réalise un entretien avec son référent qui recueille les informations sur sa situation : parcours de vie, parcours professionnel, en prenant en compte à la fois ses problématiques de santé, ses difficultés à son poste de travail, son diplôme, son expérience et sa situation personnelle notamment son projet de vie.

3. Le dossier est étudié en commission plénière par l’équipe pluridisciplinaire. Sur les informations recueillies, un plan d’action est déterminé (bilan médical, social, rapprochement d’un technicien retraite, étude de poste, tableau des tâches…) et proposé au salarié et au médecin du travail référent. Si le salarié est d’accord avec le plan d’action proposé, le médecin du travail et l’équipe CPDP débuteront les différentes démarches prévues.

4. Clarifier la motivation du salarié et de l’employeur sera également une étape essentielle à l’avancement de la situation et au repérage de solutions de maintien. Ces solutions pourront se décliner : aménagement du poste de travail, demande de reconversion interne ou externe avec au besoin accès à une formation, demande de reconnaissance qualité travailleur handicapé, demande de départ à la retraite, demande d’invalidité…

5. Au terme de l’accompagnement, un suivi sera effectué à 6 mois puis 1 an, pour s’assurer de la pérennité des solutions déployées et de l’absence de précarité sociale.

A noter : la cellule intervient pour tout salarié présentant une situation de handicap qu’il soit ou non reconnu « Travailleur Handicapé par la MDPH ». Il n’est jamais trop tôt pour solliciter la cellule, et un salarié peut être en difficulté sur son lieu de travail sans forcément relever d’un statut spécifique.

A ce jour, la CPDP a accompagné 85 salariés en 2020, et plus de 180 salariés sur la moitié de l’année 2021.

Quelle est la plus-value d’une équipe pluridisciplinaire au sein de cette cellule, et quelles sont ses missions ?

  • Il est important de préciser que le médecin du travail référent du salarié reste le médecin qui statuera sur l’aptitude ou l’inaptitude au poste du salarié.
  • Le médecin coordinateur s’assure du bon fonctionnement de la cellule et de la préservation du secret médical. Il développe un réseau de partenaires tournés vers le maintien en emploi et la prévention de désinsertion professionnelle. La mise en place de conventions avec des organismes permet une mobilisation plus simplifiée des acteurs. Il est également en contact étroit avec le médecin référent du salarié et de l’adhérent afin d’échanger sur l’avancement des dossiers.
  • La chargée de maintien en emploi coordonne l’ensemble des référents. Elle se tient informée de tout ce qui existe pour le maintien en emploi. Elle travaille en étroite collaboration avec le médecin coordinateur pour le développement du réseau avec les partenaires.
  • Le travail en équipe pluridisciplinaire permet d’avoir une vision globale de la situation et d’accompagner le salarié dans les sphères médicale, sociale, psychologique et professionnelle. La CPDP guide également l’adhérent dans ses démarches et obligations de maintien en emploi et de prévention de la désinsertion professionnelle.

Qu’est-ce que la visite de pré-reprise et en quoi est-elle importante pour le maintien en emploi ?

La visite de pré-reprise doit être demandée, dès qu’il existe un risque pour un salarié en arrêt de travail depuis plus de 3 mois, d’être en difficulté à son poste lors de la reprise du travail. Elle peut être initiée par le salarié, le médecin traitant ou le médecin conseil (organisme de sécurité sociale). Mais une visite à la demande du salarié peut être effectuée à tout moment, pendant ou en dehors d’un arrêt de travail, dès qu’il estime en avoir besoin. Il est en revanche le seul à pouvoir demander une visite pendant l’arrêt de travail.

En parallèle du suivi salarié, comment la CPDP accompagne-t-elle l’employeur ?

Lors de son intervention, la cellule accompagne également l’employeur en prenant en compte ses difficultés qu’elles soient d’ordre technique, organisationnel, humain ou financier. Elle permet une diminution de l’absentéisme et aide l’employeur dans la réalisation de son obligation d’emploi de personnes en situation de handicap. Elle aide à la recherche de solutions pour éviter les risques de désinsertion professionnelle liés à des situations de handicap.

En parallèle de la prise en charge d’un salarié en prévention tertiaire, la cellule permet d’agir, par son intervention en entreprise (étude de poste, aménagement des postes de travail, réflexion globale sur les situations de travail…), sur la prévention primaire.  Un retour auprès du médecin du travail référent est ainsi fait de façon à mettre en place des actions visant à prévenir les risques professionnels et éviter une dégradation de l’état de santé des salariés de l’entreprise.

Pourriez-vous nous présenter un ou deux exemples d’actions réalisées et leurs impacts ?

Il faut savoir qu’après 6 mois d’arrêt, plus de 50% des personnes ne reprennent pas le travail. La création de CPDP a, entre autres choses, pour objectif de contribuer à faire évoluer ces chiffres. Parmi nos expériences, voici deux exemples d’accompagnements réalisés.

Un aménagement de poste pour une problématique physique dans une entreprise logistique

La CPDP est intervenue pour une salariée employée dans une entreprise logistique étant régulièrement en arrêt de travail, alors qu’un aménagement de poste avait été réalisé. Ce dernier avait permis d’aboutir à un temps partiel thérapeutique, mais cela n’était pas suffisant. Malgré l’intervention de l’ergonome du service de prévention et de santé au travail, aucune solution satisfaisante d’aménagement de poste n’était envisageable du fait de la configuration des locaux et de l’activité de la salariée.

Diplômée d’un bac +2 en optique, la salariée avait commencé à travailler dans son entreprise de longues années auparavant, pour des raisons personnelles : horaires compatibles avec sa vie familiale. Après un entretien médical approfondi, il s’est avéré que la salariée était intéressée pour envisager un reclassement dans l’optique. Une coordination avec un assistant social de la Carsat a permis de mettre en place un essai encadré pour que la salariée teste le métier d’opticienne. L’essai ayant été concluant, l’entreprise d’accueil lui a fait une proposition de CDI. La CPDP a aménagé le poste de travail à l’embauche et la salariée a choisi de démissionner de son ancienne entreprise malgré la possibilité d’émettre un avis d’inaptitude.

L’accompagnement de la CPDP a permis de sécuriser le passage de la rupture du contrat du travail initial à l’embauche par le centre d’optique. En conclusion, Il n’y a pas eu de période de chômage pour la salariée, pas d’inaptitude prononcée, cela a diminué les coûts pour l’entreprise de départ, et l’embauche d’une salariée reconnue TH pour le nouvel employeur, lui permettant ainsi de répondre à son obligation d’emploi de personnes en situation de handicap (6% de l’effectif pour les entreprises de plus de 20 salariés). Les bénéfices pour la salariée et les entreprises sont un exemple de ce qu’un accompagnement par la CPDP peut accomplir.

Une adaptation de poste pour un trouble psychique sur un poste à responsabilités

 

La CPDP a accompagné une salariée bipolaire très diplômée, ayant un poste à responsabilités. Si l’entreprise où elle travaillait était bienveillante, les manageurs avaient des difficultés à gérer les troubles de la personne, les absences, retards et difficultés de la salariée à tenir les objectifs demandés. La CPDP a fait appel à un cabinet spécialisé, avec pour objectif final d’accompagner le médecin du travail, la salariée et l’employeur dans la recherche de solutions d’aménagements de poste selon le fonctionnement de la salariée et de son rapport au travail. Des réunions tripartites ont été réalisées, en accord avec la salariée, et ont permis une sensibilisation du manageur et du N+2 sur le problème de santé de la salariée permettant de se défaire des préjugés et idées reçues sur les troubles psychiques, pour une meilleure communication globale au sein de l’équipe.

Un suivi renforcé de la salariée (contact CPDP, visites médicales avec le médecin, échanges avec l’employeur très réguliers, suivi par le cabinet conseil) est en place, il permet de stabiliser sa situation et de soutenir l’entreprise. En parallèle, un accompagnement de la salariée dans l’intégration d’une entreprise plus adaptée à sa pathologie est en cours.

Pour plus d’informations sur la Cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle,
vous pouvez contacter votre centre médical.

Pour aller plus loin : maintien en emploi, le livret de prévention

Toute personne peut connaître dans sa vie des accidents de parcours qui sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé :

  • Personnels : maladie chronique invalidante, problèmes sociaux, cancer…
  • Au travail : accidents du travail, maladie professionnelle, maladie à caractère professionnel, difficultés à s’adapter du fait du vieillissement et de l’allongement de la durée des carrières…

Découvrir le livret de prévention dédié au maintien en emploi.

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