Focus sur les addictions – Partie 2 : les autres substances psychoactives

1 Juil 2022Focus prévention

Les substances psychoactives sont des produits licites ou illicites qui agissent sur le cerveau. Banalisation de certaines substances psychoactives, poly consommations, et/ou premières consommations précoces… Le monde du travail est évidemment concerné par ces enjeux. À court et long terme, la consommation de substances psychoactives peut avoir des répercussions sur la santé et la sécurité des travailleurs. Tabac, médicaments, cannabis, autres drogues : après l’alcool, nous nous intéressons ci-dessous aux autres substances psychoactives.

Cet article fait partie de notre dossier sur l’addiction en milieu professionnel :

Le monde du travail et l’addiction aux substances psychoactives : un lien de corrélation à prendre en compte

Comportement, émotions, sensations, humeur, perceptions, capacités et vigilance : autant de modifications possibles avec la consommation de substances psychoactives. Comme avec l’alcool, l’entreprise peut être un allié face au risque d’addiction, mais également un vecteur de fragilisation. Il existe trois types de facteurs de risque de conduite :

  • liés au produit ;
  • « individuels » ;
  • « environnementaux », où l’influence professionnelle peut impacter négativement le salarié.

Ainsi l’environnement de travail peut favoriser la consommation des produits, provoquer une consommation, ou créer une consommation précoce. Influence de groupe pour s’intégrer, recherche d’effets anxiolytiques pour des personnes sous pression avec de fortes échéances, effets euphorisants pour « mieux » supporter des tensions, de l’ennui, des horaires décalés… autant de situations qui peuvent avoir une influence sur la consommation de substances psychoactives.

À l’inverse, le cadre du travail peut être vertueux. De plus, lorsque la situation professionnelle est positive, le travail peut avoir des effets bénéfiques. Ce facteur d’équilibre psychique est protecteur face aux addictions.

Tabac, alcool, médicaments psychotropes et cannabis sont les substances psychoactives les plus consommées chez les travailleurs. Toutes les catégories professionnelles et tous les secteurs d’activités sont concernés par ce risque. 

Médicaments, tabac, cannabis, drogues dures… faisons le point sur les substances psychoactives

Licites

Médicaments

  • Les médicaments psychotropes agissent sur le système nerveux, ils modifient l’état de conscience, avec chacun des effets spécifiques : les hypnotiques / somnifères pour trouver le sommeil ;
  • Les anxiolytiques, antidépresseurs et parfois neuroleptiques pour soulager une souffrance morale (ce sont les plus à risque pour la conduite) ;
  • Les antalgiques ou analgésiques pour soulager une souffrance physique (influence sur la conduite durant 24 heures).

Somnolence, troubles de la vision, de la mémoire, effets stimulants tels que de l’euphorie ou de l’agressivité, trouble du rythme cardiaque et tension artérielle… les effets indésirables peuvent être nombreux lors de prises de médicaments psychotropes, c’est pourquoi il faut respecter les doses et les durées de prescription, et ne pas associer les médicaments à d’autres substances.

La consommation de psychotropes peut contre-indiquer certains postes de travail : parlez de votre activité professionnelle à votre médecin traitant et de votre traitement à votre médecin du travail.

Le tabac

Produit manufacturé à partir de feuilles séchées, le tabac contient de la nicotine : c’est la substance qui génère effets, accoutumance et dépendance. Produit psychotrope ayant des effets quasiment instantanés (en moins de 10 secondes) avec une durée courte (quelques minutes), le tabac peut être consommé de différentes manières, la plus courante étant la cigarette. La nicotine augmente la dopamine et agit comme un stimulant. Meilleure concentration, personne en alerte, sentiment de plaisir… la nicotine agit sur l’humeur. Elle provoque une accélération de la fréquence cardiaque, de la respiration, tout en réduisant le niveau d’oxygène dans la circulation sanguine et l’appétit. Les effets dépendent bien sûr de nombreux facteurs concernant le consommateur (âge, trouble…) et sa consommation (fréquence, durée, consommation avec une autre substance psychoactive…).

Étourdissements, nausées, toux, irritation des yeux, du nez et de la gorge, production d’acide dans l’estomac, allergies et asthme aggravés : les effets « indésirables » du tabac sont nombreux. De plus, deux de nos sens sont directement impactés, puisque fumer atténue le goût et l’odorat.

Illicites

Le cannabis

Troisième substance psychoactive consommée en France après l’alcool et le tabac, le cannabis est une plante. Inhalé ou ingéré, le THC, la substance psychoactive présente dans cette plante, a des effets psychosensoriels qui durent 3 à 8 heures après la prise.

Les perturbations cognitives (attention, mémoire, prise de décision) peuvent durer 24h. Produit illicite le plus consommé en milieu professionnel, il prodigue de nombreux effets : modification de la perception du temps et des distances, baisse de la concentration, vision floue, mydriase, besoin de parler et de rire, désinhibition, hallucinations et délires possibles avec des produits concentrés… Ses effets peuvent durer jusqu’à 24 heures. Parmi les risques, de nombreux troubles : mémoire, vigilance, somnolence, difficulté de concentration, vision, équilibre, coordination… le tout, à court terme. Sur le long terme, on peut constater des troubles de l’humeur tels que l’agressivité ou l’anxiété, une augmentation du risque de présenter des symptômes psychiatriques, bronchiques chroniques, infarctus du myocarde… L’association du cannabis avec l’alcool ou d’autres drogues augmente le risque de conséquences graves.

À noter : le Cannabidiol, autrement dit CBD, est un produit considéré comme non stupéfiant et c’est dont bien le THC qui est interdit. Les consommateurs doivent s’assurer que les produits à base de CBD ont un taux de THC inférieur ou égal à 0.2%, comme le stipule la législation en vigueur.

Les drogues dites « dures »

Les sensations des drogues dures varient selon le produit consommé. Voici les principaux effets et risques des substances les plus consommées :

  • La cocaïne : présentée sous forme d’une poudre blanche inodore, la cocaïne peut être « sniffée », fumée ou injectée dans les veines. Mélangée avec de l’ammoniaque et du bicarbonate de soude, elle prend la dénomination de crack. Utilisée occasionnellement, elle procure de l’euphorie, une sensation d’amélioration de ses capacités physiques et psychiques, du plaisir, de l’agitation, une baisse de la fatigue, logorrhée (flux de paroles). Le risque de dépendance est très rapide. Troubles de la vigilance, de la concentration et de la mémoire, excitation psychomotrice, risque de violence comportement paranoïaque possible, hallucinations auditives… les risques sont nombreux. Cette drogue peut générer de nombreuses complications, dont l’infarctus du myocarde.
  • Les amphétamines telle que l’ecstasy : appartenant à la famille des amphétamines, l’ecstasy provoque l’effet stimulant de ces dernières, une meilleure vigilance, une diminution du besoin de sommeil ; combiné à un effet euphorisant, avec une levée des inhibitions, une hyperactivité motrice, une mydriase (dilatation anormale de la pupille), et parfois des maux de tête, des nausées, des hallucinations, des attaques de panique, de l’hyperthermie, des troubles cardiovasculaires, et, à terme, des risques de dépression et de paranoïa. Combinée à une fièvre conséquente ou un trouble du rythme cardiaque, cette drogue peut provoquer un décès.
  • Les opiacés tels que l’héroïne : utilisés occasionnellement, les opiacés provoquent sédation, analgésie, baisse de l’attention, myosis, et parfois des malaises. En utilisation chronique, la consommation peut provoquer un comportement asocial, agressif ou dépressif, voir suicidaire, l’état de conscience est très variable, les réactions paranoïaques sont fréquentes. L’héroïne provoque une dépendance rapide.

Ce que dit la loi

  • L’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende (Art.L.3421 -1 du Code de Santé Publique).
  • Chaque travailleur doit prendre soin de sa sécurité et de sa santé ainsi que de celle des autres personnes concernées du fait de ses actes ou de ses omissions (Art.L.4122-1 du Code du Travail).
  • La responsabilité pénale d’un salarié ou d’un employeur peut être engagée pour non-assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d’autrui et atteinte involontaire à la vie ou l’intégrité d’autrui (Art.223-6, 223-1 et 221-6 du Code Pénal).
  • Après définition d’une liste de postes de sûreté /sécurité annexée au règlement intérieur, possibilité de pratiquer un dépistage (Art. 122-34 du Code du Travail).

Sources :

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